Tous les deux ans, dans le cadre de Paysalia, le salon du Paysage, jardin et sport (Lyon – Eurexpo), le concours du Carré des Jardiniers met en avant notre profession. Pour cette 6e édition du Carré des Jardiniers 2021, un finaliste de l’édition 2019, le Maître Jardinier 2019 et un entrepreneur prennent la parole afin d’évoquer leur métier, ses enjeux, sa modernité.
L’évolution du métier de paysagiste
Ces dernières années, le métier de jardinier paysagiste a considérablement évolué afin de répondre aux enjeux de notre siècle. Ce qui est sûr, c’est qu’il va continuer à évoluer, si ce n’est de façon encore plus rapide. Car la crise sanitaire a requestionné nos façons de faire et de vivre. Les catastrophes naturelles qui s’enchaînent rappellent également l’urgence de mettre en œuvre des solutions vertes, fondées sur la nature, pour s’adapter au changement climatique. Sans oublier la relance verte portée par le Gouvernement, dans le cadre d’une transition écologique et solidaire, ou encore la récente extension de la loi Labbé au 1er juillet 2022, officialisée par l’arrêt du 15 janvier 2021. Tout cela bouleverse nos systématismes, requestionne nos savoir-faire et connaissances de jardinier.
Pour les jardiniers paysagistes, il s’agit, entre autres, « d’accompagner les particuliers dans la conception de jardins respectueux de la nature et de l’environnement dans lequel ils sont implantés ou de travailler avec les collectivités locales pour intégrer le végétal comme une véritable réponse aux problématiques urbaines (pollution, îlots de chaleur…). Son objectif : rapprocher l’homme de la nature et faire comprendre la nécessaire primauté du végétal dans les jardins et les espaces publics ». Suite aux confinements successifs, les Français sollicitent en effet pleinement la nature et le jardin.
Un rôle dans la lutte et l’adaptation au changement climatique
« Cet enjeu est fondamental pour aujourd’hui, comme pour demain » souligne Antoine Deltour (Les Jardins de la Scarpe - 59), finaliste du Carré des Jardiniers 2019. « Cela fait plusieurs années que nous enchaînons les saisons de sécheresse printanière et hivernale. Nous sommes préoccupés par les problématiques liées au vivant qui est chamboulé, chahuté par le réchauffement climatique. Dans notre région, certaines essences ne sont plus recommandées car trop fragiles. Nous ne les plantons plus, comme le hêtre par exemple. Nous devons adapter notre palette végétale et nous orienter vers des variétés d’arbres comme le chêne vert, plus méditerranéen ».
Même prise de conscience chez un confrère, l’entreprise familiale Gonthier, basée à Cognin (73). Après plus de 16 années d’expérience en tant que gérant, Christophe Gonthier peut témoigner du fait que « l’une des solutions pour répondre à la transition écologique est le retour de la nature en ville. Réduction de la température et des îlots de chaleur, séquestration du CO2, amélioration de la qualité de l’air… les bienfaits du végétal dans les espaces urbains sont nombreux. Et l’arbre, plus qu’aucun être végétal, a son rôle à jouer ». C’est pourquoi l’entreprise porte une attention particulière à la bonne plantation de ces arbres, véritables climatiseurs urbains, qui rafraîchissent nos villes, pour qu’ils puissent participer pleinement à la résilience des villes face au changement climatique. En parallèle, l’entreprise de paysage développe des savoir-faire sur la réalisation de surfaces perméables circulées, esthétiques et fonctionnelles, parfois végétalisées. Sans oublier le développement d’un entretien innovant visant à réduire la pollution des sols et la pollution sonore ou à renforcer la biodiversité, afin de préserver notre environnement.
Reverdir les villes
« Reverdir nos villes doit être une priorité pour lutter contre les îlots de chaleur, mais également pour une question de qualité de vie », explique ainsi Laurent Gras, Maître Jardinier 2019 et gérant des Jardins à thèmes (44). « Il faut amener la campagne en ville pour que les gens puissent respirer, faire des breaks. Nous avons également un travail de pédagogie à réaliser tant auprès de nos clients (pour les sensibiliser), que de nos fournisseurs (pour disposer de matériaux fiables avec un bilan carbone acceptable) et de nos collaborateurs. Le travail paie : les nouvelles générations sont plus sensibles à ces questions du fait de leur formation et de la société dans laquelle ils vivent. Le tri, le recyclage et la gestion des déchets issus du paysagisme sont, par exemple, une évidence pour eux ».